I. MÉNAGES ET CONSOMMATION

MÉNAGE

Depuis 2005, l'Insee définit pour ses enquêtes un ménage comme "l'ensemble des personnes (apparentées ou non) qui partagent de manière habituelle un même logement (que celui-ci soit ou non leur résidence principale) et qui ont un budget en commun."


Deux critères caractérisent cette définition : la résidence commune et le budget partagé.

 

 

REVENU

 

    
On se concentre généralement sur deux grandes catégories de revenus : les revenus salariaux et les revenus de la propriété.

Selon l'INSEE, le revenu salarial correspond à "la somme de tous les salaires perçus par un individu au cours d'une année donnée, nets de toutes cotisations sociales, y compris la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)."
On notera que le revenu en nature reçu par les salariés est mesuré par la valeur des biens et des services fournis par les employeurs à leurs salariés en rémunération du travail effectué (loyer du logement de fonction, prix du forfait téléphonique, coût de la voiture de fonction, etc.)

Selon l'INSEE, les revenus de la propriété sont les "revenus que reçoit le propriétaire d'un actif financier ou d'un actif corporel non produit en échange de sa mise à la disposition d'une autre unité institutionnelle. Ils comprennent principalement les dividendes versés par les sociétés, les intérêts et les loyers des terrains (les loyers des logements, actifs corporels produits, sont considérés comme le paiement d'un service)."

Selon l'INSEE, le revenu mixte est "le solde du compte d'exploitation pour les entreprises individuelles. Il contient deux éléments indissociables : la rémunération du travail effectué par le propriétaire et éventuellement les membres de sa famille, et son profit en tant qu'entrepreneur."


REVENU DISPONIBLE

Selon l'INSEE, le revenu disponible d'un ménage comprend "les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs."


Les impôts directs pris en compte dans ce revenu net sont l'impôt sur le revenu, la taxe d'habitation, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS).

Selon la DRESS, les minima sociaux sont "des prestations sociales versées sous conditions de ressources et visant à assurer un revenu minimum à une personne ou à sa famille."

Toujours selon la DRESS, le Revenu de solidarité active (RSA) est "une prestation « hybride », assurant à la fois une fonction de minimum social (RSA socle) et de complément de revenu pour des travailleurs vivant dans des foyers aux revenus modestes (RSA activité)."

Le Revenu de solidarité active (RSA) est entré en vigueur le 1er juin 2009 en France métropolitaine et sera généralisé au plus tard le 1er janvier 2011 en Outre-mer.  Il a pour objet "d'assurer à ses bénéficiaires des moyens convenables d'existence, afin de lutter contre la pauvreté, encourager l'exercice ou le retour à une activité professionnelle et aider à l'insertion sociale des bénéficiaires" (loi n°2008-1249 du 1er décembre 2008).

Le RSA remplace le Revenu minimum d'insertion (RMI), l'Allocation de parent isolé (API) ainsi que les mécanismes d'intéressement liés à la reprise d'emploi. 

L’Allocation de Parent Isolé (API), créée en 1976, s’adresse aux personnes assumant seules la charge d’au moins un enfant né ou à naître. Si le plus jeune enfant a plus de trois ans, l’allocation est versée pendant un an au maximum (API dite « courte »), sinon elle est versée jusqu’à ses trois ans (API dite « longue »).


CONSOMMATION

 

Ainsi, consommer c'est donc "utiliser" des biens ou des services, ceux-ci peuvent êtres détruits immédiatement (consommer une pomme) ou usés progressivement (consommer un bien durable comme un téléviseur).

La comptabilité nationale distingue deux grandes catégories d'utilisation : la consommation peut être intermédiaire ou finale.

La consommation intermédiaire correspond à "la valeur des biens et des services consommés en entrée d’un processus de production (…) ; les biens et les services peuvent être soit transformés, soit détruits par le processus de production."

La consommation finale "regroupe les biens et les services utilisés par les ménages ou par la société dans son ensemble pour satisfaire leurs besoins individuels ou collectifs."
Le concept de consommation finale souligne le but de la consommation : satisfaire des besoins. On notera que les biens et les services consommés peuvent avoir été achetés ou transférés par une administration ou une association.

D'où le concept de consommation finale totale qui "est la valeur totale de toutes les dépenses en biens et en services de consommation individuels et collectifs supportées par les ménages résidents, les Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) résidentes et les administrations publiques. Elle peut aussi être définie en termes de consommation finale effective, comme la valeur de tous les biens et services individuels acquis par les ménages résidents, plus la valeur des services collectifs fournis par les administrations publiques à la collectivité ou à d’importants sous-ensembles de la collectivité."

 

 

ÉPARGNE

Selon l'INSEE, l'épargne des ménages est "la part du revenu disponible (ou du revenu disponible ajusté) des ménages qui n'est pas utilisée en dépense de consommation finale (ou en consommation finale effective)".



POUVOIR D’ACHAT

Selon INSEE, le pouvoir d’achat du salaire "est la quantité de biens et de services que l’on peut acheter avec une unité de salaire".

Remarque

Le "pouvoir d'achat" est donc une capacité de se procurer des biens et des services grâce à de la monnaie ou un revenu (salaire, transferts sociaux, rente, etc.). L'évolution du pouvoir d'achat est donc liée à la fois à l'évolution de la monnaie ou du revenu et à celle des prix.

D'ou l'importance de tenir compte des effets de l'inflation pour comprendre l'évolution réelle de l'activité économique. Les économistes distingueront alors les évolutions de grandeurs à prix courants et à prix constants.


La notion statistique de "pouvoir d’achat" utilisée par l’INSEE est celle du pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB). Le pouvoir d'achat des ménages augmente (ou baisse) donc si les revenus d’activité, des revenus du patrimoine, les prestations sociales progressent plus vite (moins vite) que l’augmentation des prix.


CONSOMMATION OSTENTATOIRE

Selon Thorstein Veblen, dans la "Théorie de la classe de loisir" (1899), "la consommation ostentatoire de biens de valeur est un moyen d'affirmer sa réputation pour l'homme de la classe de loisirs." ("Conspicuous consumption of valuable goods is a means of reputability to the gentleman of leisure")

 

EFFETS DE DISTINCTION

Selon le dictionnaire le Robert, une distinction est "une action de distinguer, de reconnaître pour autre, différent", c'est "ce qui établit une différence".


La Distinction est une vaste enquête sur toutes les manières de juger, manger, parler, se vêtir, etc. par lesquelles les sujets diffèrent entre eux et se distinguent. C'est surtout une réflexion sur les fondements  de l'ordre social. La Distinction propose les concepts de champ, d'espace social, de capital (économique, culturel) et d'habitus pour analyser divers aspects du monde social.

Ces effets de distinction se retrouvent dans les pratiques artistiques musicales ou picturales. Le goût "légitime" se distingue à la fois du goût "moyen" et du goût "populaire". Même la façon de se moucher témoigne de l'existence d'un effet de distinction (entre l'utilisation bruyante d'un Kleenex et celle délicate d’un grand mouchoir de tissu) tant les usages du corps permettent aux individus et aux groupes de se distinguer de leurs contemporains.

Les goûts et, d'une manière générale, les pratiques sociales ne sont pas strictement individuels, déterminé par la personnalité propre à chacun. Ils sont le résultat d'un processus, un produit social déterminé par l'éducation primaire et secondaire, les stratégies de classement et les rapports de domination entre les groupes sociaux.


EFFET D’IMITATION (ou de démonstration)

Selon le dictionnaire le Robert, imiter c'est "faire ou chercher à faire la même chose que, chercher à reproduire."

Avec la publication de Income Saving and the Theory of Consumer Behavior en 1949 James Stemble Duesenberry (1918-2009), professeur à l'Université de Harvard, ouvre dans le champ de la théorie économique la possibilité d'une reconnaissance des motivations sociales de la consommation. Cette influence sociale sur la consommation est un "effet de démonstration" ("demonstration effect") ou "effet d'imitation". En effet, les dépenses de consommation ne dépendent pas que des revenus et des prix mais aussi de la volonté d'imiter les groupes sociaux supérieurs.

 

II. ENTREPRISES ET PRODUCTION

ENTREPRISE


Différents regards


Les différentes définitions de l'entreprise s'expliquent par le désir de souligner un des aspects importants de cette organisation. Les uns mettent en exergue une "capacité" (la production), d'autres soulignent le "but" (faire des profits), le "projet", ou encore la spécialité ("biens" ou "services"), etc.

Selon le SCN 1993 "une entreprise est une unité institutionnelle dans sa capacité de producteur de biens et de services". Les comptables nationaux précisent qu'une "entreprise peut donc être une société, une quasi-société, une institution sans but lucratif ou une entreprise non constituée en société."

Selon le Règlement (CEE) n° 696/93 du Conseil, du 15 mars 1993, relatif aux unités statistiques d'observation et d'analyse du système productif dans la Communauté, "l'entreprise correspond à la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes."

Selon le Code du commerce (article L210-1), "le caractère commercial d'une société est déterminé par sa forme ou par son objet. Sont commerciales à raison de leur forme et quel que soit leur objet, les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés par actions."


Selon le Code du commerce (article L223-1), "la société à responsabilité limitée est instituée par une ou plusieurs personnes qui ne supportent les pertes qu'à concurrence de leurs apports."
Le Code précise aussi que :

•    le montant du capital de la société est fixé par les statuts. Il est divisé en parts sociales égales (article L223-2) ;

•    le nombre des associés d'une société à responsabilité limitée ne peut être supérieur à cent (article L223-3) ;

•    la société à responsabilité limitée est gérée par une ou plusieurs personnes physiques. Les gérants peuvent être choisis en dehors des associés (article L223-18) ;

•    chaque associé a droit de participer aux décisions et dispose d'un nombre de voix égal à celui des parts sociales qu'il possède (article L223-28).


Selon le Code du commerce (article L225-1), la société anonyme est "la société dont le capital est divisé en actions et qui est constituée entre des associés qui ne supportent les pertes qu'à concurrence de leurs apports. Le nombre des associés ne peut être inférieur à sept."

Remarques

Toutes les entreprises ne sont pas constituées en société. Dans ce cas, l'unité de production n’est pas constituée en entité juridique distincte du propriétaire (ménage, administration ou résident étranger). Dans ce cadre, les actifs (machines, bâtiments, véhicules, etc.) utilisés dans l'entreprise appartiennent aux propriétaires et non à l'entreprise. Leurs propriétaires sont personnellement responsables, sans limites, de toutes les dettes et de tous les engagements souscrits au cours de la production.

Une entreprise individuelle peut relever du régime de la micro entreprise. Le régime fiscal de la micro entreprise est caractérisé par :

•    une franchise en base de TVA : les entreprises ne facturent pas la TVA et ne la récupèrent pas ;
•    un abattement forfaitaire lors du calcul du résultat de l’entreprise ;
•    des obligations comptables et déclaratives simplifiées ;
•    pas de déficit possible, l’exploitant individuel ne peut pas l’imputer sur son revenu global.

La loi de modernisation de l’économie n° 2008-776 du 4 août 2008 (dite LME) a créé un nouveau régime de l’auto-entrepreneur pour les entreprises individuelles artisanales, commerciales ainsi que pour certaines entreprises individuelles libérales qui relèvent du régime fiscal de la micro-entreprise. Ce régime est entré en vigueur le 1er janvier 2009 et doit offrir des avantages en termes de création, de gestion et de cessation d’une activité en nom propre.
 
Pour les grandes structures, on distingue l'établissement de l'entreprise et du groupe :

•    l'entreprise est l'unité de production dotée d'une certaine autonomie, elle peut comprendre un ou plusieurs établissements ;

•    l'établissement est la plus petite unité de production, localisée géographiquement, individualisée. Elle dépend juridiquement d'une entreprise. Sa production est, généralement, relativement homogène ;

•    un groupe contrôle plusieurs entreprises. Ces filiales peuvent être localisées en France ou implantées à l'étranger. Dans ce dernier cas, on parle d'entreprises multinationales.

Au 1er janvier 2007, on recensait 3 398 571 établissements en France, 2 925 124 entreprises (hors exploitations agricoles) et plus de 40 000 groupes.
Parmi les 3 millions d'entreprises, un peu moins de 850 entreprises sont des entreprises publiques.


PRODUCTION

Selon la SCN93, la production comprend "les biens et les services qui sont produits dans un établissement, et qui deviennent utilisables en dehors de cet établissement, plus tout bien et service produit pour usage final propre."


La production économique est donc une activité exercée sous la responsabilité et le contrôle d’une unité institutionnelle qui met en oeuvre des entrées de travail, de capital et de biens et services dans le but de produire d'autres biens ou services.

Les comptables nationaux distinguent trois grandes catégories de production : la production non marchande, la production marchande et la production pour usage final propre.

La production non marchande est constituée de "biens et de services individuels ou collectifs produits par les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) ou par les administrations publiques, et qui sont fournis gratuitement ou à des prix économiquement non significatifs."

La production marchande est celle qui est "vendue à des prix économiquement significatifs ou écoulée autrement sur le marché ou bien qui est destinée à être vendue ou écoulée sur le marché."

 

VALEUR AJOUTEE

Selon la SCN93, la valeur ajoutée brute correspond à "la valeur de la production diminuée de celle de
la consommation intermédiaire".


La valeur ajoutée constitue la contribution apportée au produit intérieur brut par un producteur, une branche d’activité ou un secteur. La valeur ajoutée brute est la source d’où proviennent les revenus primaires. Elle est donc au cœur de la distribution primaire des revenus.

Remarque

Les différentes estimations de la production conduisent à distinguer la valeur ajoutée brute aux prix de base qui se définit comme "la production valorisée aux prix de base moins la consommation intermédiaire valorisée aux prix d’acquisition" et la valeur ajoutée brute aux prix du producteur se définit comme "la production valorisée aux prix du producteur moins la consommation intermédiaire valorisée aux prix d’acquisition".

La valeur ajoutée nette est "la valeur de la production moins les valeurs de la consommation intermédiaire et de la consommation de capital fixe".


FACTEURS DE PRODUCTION

Selon la Banque mondiale, les facteurs de production sont les "principaux moyens utilisés pour la production, quelle qu'elle soit."

Remarques

Les économistes distinguent souvent trois facteurs de production : le travail, la terre et le capital.
La notion de facteurs de production peut aussi être abordée avec le seul concept de capital. Pour produire, il faut mobiliser du capital physique, du capital humain et du capital naturel.


COÛTS

Selon l'OCDE, les coûts sont des "sommes déboursées ou dépenses encourues pour financer les facteurs de production."

Remarques

Le coût est le montant de ressources requises pour acheter ou produire un bien ou un service. Les coûts de production sont fixes ou variables. Les coûts fixes sont les coûts qui ne varient pas avec les quantités produites (exemple : loyer, impôts fonciers, intérêts). Les coûts variables sont les coûts qui varient avec les quantités produites (consommations intermédiaires comme les carburants, les matériaux, services de maintenance). Le coût total est la somme des coûts fixes et des coûts variables.

Le coût moyen est le coût total divisé par la production. Le coût marginal est l'augmentation du coût total résultant de la production d'une unité supplémentaire de production. Le coût marginal est une fonction des seuls coûts variables, puisque les coûts fixes ne varient pas avec l'augmentation de la production.

Le concept de coût d’opportunité vise à prendre en compte les opportunités perdues par l’utilisation d'un actif ou d'une ressource. Il permet de souligner les choix effectués par les acteurs économiques.


PRODUCTIVITE

Selon l'Organisation internationale du travail, la productivité est le "rapport entre le rendement et l'effort fourni ou le capital investi"


D'une manière générale, la productivité est un rapport. C'est le rapport entre la production (en volume ou en valeur) d’un bien ou d’un service et l’ensemble des facteurs (capital, travail) nécessaires pour le produire.

Remarques

La productivité est une mesure de l’efficacité des facteurs de production et des agents économiques c'est-à-dire qu'elle offre une évaluation de la manière dont les individus et les organisations exploitent les ressources dont ils disposent pour fabriquer des biens ou offrir des services.

L’économiste américain John T. Dunlop (1969) soulignait que la productivité est "le résultat final d’un processus social complexe qui fait entrer en ligne de compte la science, la recherche et la mise au point, l’enseignement, la technique, la gestion, les installations de production, les travailleurs et les organisations syndicales".

Plusieurs indicateurs peuvent rendre compte de l’évolution de la productivité. On distingue souvent les mesures qui mettent en relation la production avec un seul facteur de production (le travail ou le capital) et les mesures qui mettent en relation la production avec plusieurs facteurs de production.
Dans la pratique, la mesure de la productivité du travail est l'indicateur le plus utilisé. C'est le rapport entre la production (en volume ou en valeur) d’un bien ou d’un service et la quantité ou la valeur du travail nécessaire pour le produire. La productivité du travail reflète le volume ou la valeur de la production générée par heure de travail ou par salarié.

Il faut noter que la productivité du travail ne dépend pas uniquement de la performance de la main-d’œuvre (son nombre, sa qualification, etc.), c'est-à-dire de l’intensité et de la qualité de l’effort fourni par les travailleurs. Elle dépend aussi des autres facteurs de production et de l’environnement dans lequel fonctionnent les entreprises. Ainsi, la productivité du travail sera influencée par le volume de capital utilisé (outils, machines, véhicules, etc.).

D'une manière plus large, la définition de la productivité peut être comprise comme le rapport de la production d’un bien ou d’un service et d'un ou plusieurs intrants. En effet, le capital et le travail ne sont pas les seuls facteurs qui interviennent dans la production. Des facteurs intermédiaires (énergie, matières premières et autres consommations intermédiaires) peuvent être intégrés dans l'évaluation de l'efficacité productive. Toutefois, quelque soit le calcul retenu, il est souvent difficile de départager la contribution de chacun des facteurs de production à la croissance économique.


PROGRES TECHNIQUE

Selon Jean Fourastié, "on appelle progrès technique l'accroissement du volume de la production obtenue au moyen d'une quantité fixe de matière première ou de travail humain". 

Remarques

La notion de progrès technique permet une approche quantitative des changements et des améliorations dans la sphère productive. Le progrès technique comprend les nouvelles connaissances et/ou les nouveaux procédés appliqués à la production. Le progrès technique est donc une amélioration, liée au progrès scientifique, au renouvellement des produits, au perfectionnement des procédés de fabrication et aux changements dans les modes d'organisation.

 

III. MARCHES ET PRIX

DEMANDE

Pour Edmund S. Phelps, "la quantité totale d'un bien que l'ensemble des participants au marché  désirent acheter est appelée quantité demandée de ce bien sur le marché. Cette quantité dépend du prix, de la même façon que l'achat que chaque personne désire effectuer dépend du prix. La relation fonctionnelle entre quantité demandée et prix du bien est appelée courbe de demande, ou fonction de demande."

Remarque

La demande mesure donc un comportement, un désir exprimé pour un service ou un produit. Pour Alfred Marshall, "il y a donc une loi générale de la demande : plus est grande la quantité à vendre, plus petit doit être le prix auquel elle est offerte pour pouvoir trouver acheteurs ; ou, en d'autres termes, la quantité demandée augmente avec une baisse de prix, et diminue avec une hausse de prix."


OFFRE

Pour Edmund S. Phelps, "la quantité totale d'un bien que l'ensemble des participants au marché de ce bien souhaitent offrir est appelée quantité offerte sur le marché de ce bien. La quantité offerte dépend du prix anticipé de ce bien. La relation fonctionnelle entre quantité offerte et prix anticipé de ce bien est appelée courbe d'offre, ou fonction d'offre."

L'offre est donc la quantité de biens ou de services disponibles sur un marché. Dans les relations commerciales, l'offre est la quantité de produits mise en vente par les entreprises ou la quantité de services offerte par les salariés. La jurisprudence française définit d'ailleurs l'offre comme "l'expression de volonté d'une partie qui indique les conditions auxquelles elle propose de s'engager".


PRIX

Selon le SCN 1993, "le prix d’un bien ou d’un service est, par définition, la valeur d’une unité de ce bien ou service."
Pour Eurostat le prix est défini comme "la valeur d’une unité de produit dont les quantités sont parfaitement homogènes".

Remarques

Il est plus facile de définir le prix unitaire dans le cas des biens que dans celui des services. En effet, dans le cas de services, il est difficile d'évaluer toutes leurs caractéristiques.

Le prix du marché est le montant de monnaie que l’acheteur paie au vendeur pour acquérir un bien dans le cadre de l'échange marchand.

D'un point de vue "graphique", le prix est déterminé par le point de rencontre entre une courbe d'offre de biens ou de services et sa courbe de demande. Le prix est ici un résultat, la conséquence d'une rencontre entre une offre et une demande.

La Comptabilité nationale définit des "prix économiquement significatifs" soit des prix qui ont une influence significative sur les montants que les producteurs sont disposés à offrir, et sur les montants que les acquéreurs souhaitent acheter.


EFFET EXTERNE

Selon le SNC93, les externalités sont "des changements dans la condition d’unités institutionnelles qui sont provoqués par des actions économiques menées par d’autres unités institutionnelles sans le consentement des premières."


Les externalités ou "effets que les activités d'une personne ou d'une entreprise ont sur d'autres, sans compensation" (Banque mondiale) peuvent nuire ou bénéficier aux autres : on dit qu'elles sont négatives ou positives.

La pollution d'une entreprise est un exemple d'externalité négative : l'entreprise pollue les riverains sans leur offrir de compensation.

L'enseignement primaire est créateur d'externalités positives, car l'enseignement bénéficie aux élèves scolarisés mais aussi à l'ensemble de la société.

Le concept d'externalité permet de renouveler les réflexions sur la légitimité de l'État : il doit limiter les externalités négatives (réglementation, interdiction, fiscalité, etc.) et renforcer voire créer les externalités positives (subventions, fourniture de services).

Remarque

La Commission générale de terminologie et de néologie du Ministère des finances rappelle que le terme "externalité", pour traduire l'anglais "externality" n’est pas recommandé (Journal officiel du 26/10/2006). L'expression "effet externe" est donc préférable.


INCITATION

Selon le dictionnaire Larousse, une incitation est une "provocation d'un comportement économique jugé souhaitable, grâce à une politique adaptée à l'égard des agents économiques." Et les rédacteurs du dictionnaire précisent que "les incitations sont, notamment, d'ordre fiscal".

Remarque

Le concept d'incitation est souvent utilisé dans l'analyse du marché du travail. En France, les incitations à la reprise d’activité sont des formes d'intéressement qui offrent la possibilité de cumuler des revenus avec des allocations ou une prime forfaitaire. D'une manière générale, une incitation au travail est une mesure destinée à encourager la reprise d'une activité professionnelle après une période de dépendance à l'égard des prestations sociales.

 

IV. FORMATION ET EMPLOI

 FORMATION

Selon le BIT, la formation est "l'ensemble des activités visant essentiellement à assurer l'acquisition des capacités pratiques, des connaissances et des attitudes requises pour occuper un emploi."


Selon le Ministère du travail de la solidarité et de la fonction publique, une action de formation se définit comme étant une action satisfaisant simultanément aux trois critères suivants :

- l'action comporte une communication entre stagiaire et forateur qui vise un transfert de connaissances ;

- la formation repose sur des objectifs, un programme, des moyens pédagogiques ;

- la formation possède les qualités de durée minimale (supérieure à 8 heures) et de continuité.

L'action de formation peut être dispensée en centre de formation ou sur un lieu de travail (entreprise, administration).

Remarque

En France, la formation continue est une obligation légale depuis 1971. Elle a pour but d'assurer aux salariés, employés ou demandeurs d'emploi, une formation destinée à conforter, améliorer ou acquérir des connaissances professionnelles.

On distingue ainsi la formation initiale, celle faite initialement dans le système scolaire, qui est obligatoire en France, et la formation continue, constituée par l'ensemble des actions de formation professionnelle postscolaire ayant comme objectif de répondre à l’ensemble des besoins des actifs (salariés ou chômeurs) pour s'adapter à l’emploi et/ou se perfectionner pour obtenir une qualification, une reconversion ou une promotion professionnelle.

La notion de formation tout au long de la vie a été inspirée par Jacques Delors lors de la rédaction du Livre Blanc "Croissance, compétitivité, emploi : les défis et les pistes pour entrer dans le XXIème siècle" (1993).
Selon le Code du travail (article L900-1) "la formation professionnelle tout au long de la vie constitue une obligation nationale. Elle comporte une formation initiale et des formations ultérieures destinées aux adultes et aux jeunes déjà engagés dans la vie active ou qui s'y engagent".


EMPLOI

Le concept d'emploi a un double sens :

•    c'est le travail effectué moyennant paiement ;
•    c'est aussi le nombre de personnes occupant un emploi salarié ou indépendant.

Selon la Comptabilité nationale, l'emploi est "l'ensemble des personnes, salariés et travailleurs indépendants, exerçant une activité rentrant dans le domaine de la production".


Remarque

Les personnes employées au sens du BIT sont celles ayant travaillé pendant une durée quelconque, ne serait-ce qu'une heure, au cours d'une semaine dite de référence.


QUALIFICATION

Selon la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP), la notion de "qualification" peut être abordée selon une approche collective et une approche individuelle.
Dans le cas d'une approche collective, la qualification est la "reconnaissance sociale de la maîtrise des savoirs et des compétences nécessaires à la tenue d'un poste de travail."
Dans le cas d'une approche individuelle, la qualification la "capacité individuelle opératoire pour occuper un poste de travail."


Remarque

La qualification peut être acquise par la formation et attestée par un diplôme, un titre ou certificat de qualification professionnelle (CQP). La certification professionnelle peut porter sur une technique particulière (maîtrise d'un logiciel), une connaissance spécifique (niveau d'anglais), une activité réglementée (permis de conduire, permis de cariste).
La qualification témoigne donc des capacités des actifs à conduire des activités  professionnelles dans des situations de travail et à des degrés de responsabilité définis.

La qualification professionnelle est donc la formation et/ou l'expérience acquises par une personne lui permettant d'exercer un métier déterminé. La qualification professionnelle correspond à un niveau précis dans la classification des emplois.

La CNCP distingue le "savoir" ("ensemble des connaissances théoriques et pratiques"), le "savoir faire" (mise en œuvre d'un savoir et d'une habileté pratique maîtrisée dans une réalisation spécifique) et le "savoir être" (ou savoir-faire relationnel, c'est-à-dire des comportements et attitudes attendus dans une situation donnée).


CAPITAL HUMAIN

Selon le BIT, le capital humain est l'ensemble des "dépenses d'éducation et de formation considérées comme un investissement rentable pour l'avenir".


La notion de capital humain a été développée par l'économiste Gary Stanley Becker (prix Nobel 1992) dans son livre "Le capital humain, une analyse théorique et empirique" (1964) pour souligner que le travail peut-être assimilé à une forme de capital dont les principales caractéristiques sont le niveau de formation, de qualification, la santé, etc. Ainsi, l'approche en termes de capital humain appréhende les actifs et futurs actifs comme des biens matériels. Le capital humain a une valeur spécifique qui varie dans le temps. Il s'améliore, se détériore ou se maintient en fonctions des investissements effectués. Ainsi, investir dans l'éducation, les soins de santé et la formation professionnelle peut accroître le capital humain. La valeur de cet investissement dépend alors du coût monétaire de l'éducation et des gains futurs anticipés procurés par le supplément de formation. Le capital humain peut donc aussi se définir comme un ensemble des connaissances et de compétences que possèdent les individus et qui les rendent économiquement productifs.

Pour Gary S. Becker, il s'agit de donner des fondements théoriques aux différences de salaires constatées entre les actifs et, aussi, de démontrer que la science économique peut expliquer une grande partie des phénomènes sociaux.


SALAIRE

Selon le ministère du Travail, "le salaire est la contrepartie du travail fourni".


Un salarié est donc une personne qui passe un accord, formel ou informel, par lequel elle s’engage à travailler en échange d’une rémunération en espèces ou en nature.

Les salaires en espèces sont les contreparties monétaires plus les suppléments comme les indemnités, plus les salaires payés aux salariés absents pour de courtes (congés), les primes, les commissions, les gratifications, les pourboires, etc.

Les salaires en nature se composent de biens et de services qui ne sont pas nécessaires au travail, et qui sont à la disposition du salarié (appartement et voiture de fonction, prêt de matériels de télécommunication, etc.).

La rémunération directe des salariés comprend le salaire, les primes et les avantages. L'intéressement, la participation, l'épargne salariale deviennent des compléments de rémunération parfois obligatoires.

Remarques

En France, il n'y a pas de définition légale du salaire. Le Code du travail définit le cadre des relations entre l'employeur et le salarié mais ne donne pas de définition du salaire, ni même d'un contrat de travail.

Cependant, la fixation du salaire par l'employeur (public ou privé) est soumise à certaines obligations légales comme le respect des salaires minima (Salaire minimum interprofessionnel de croissance, salaires minimums fixés dans les conventions collectives).

Les bulletins de paie des salariés font apparaître un salaire brut et un salaire net.

Le salaire brut comprend l’ensemble des sommes convenues et des avantages accordés par l’employeur : salaire de base, avantages en nature, primes, gratifications, pourboires, ainsi que des majorations prévues par la loi ou les accords collectifs (majoration pour heures supplémentaires, travail de nuit, du dimanche, travail salissant ou pénible…).
Il ne comprend pas les remboursements de frais professionnels, les dommages-intérêts (indemnité de licenciement), ni les sommes versées au titre de l’intéressement ou de la participation.

Le salaire net s’obtient en enlevant les cotisations salariales (cotisations de sécurité sociale, assurance-chômage, cotisation de retraite complémentaire, cotisations prévoyance, CSG, CRDS) et la valeur des avantages en nature éventuels du salaire brut.
Le salaire net est la somme versée directement au salarié.

Le salaire de base est fixé librement entre l’employeur et le salarié, soit par le contrat de travail, soit par décision de l’employeur (usages, directives, barème d’entreprise, notes d’information) sous réserve du respect de certaines règles légales et conventionnelles (respect du salaire minimum, du principe d’égalité de rémunération entre femmes et hommes, de la non-discrimination, notamment syndicale, etc.). Il existe plusieurs modes de fixation du salaire. Le salaire peut être fixé :

•    au temps, c'est-à-dire en fonction de la durée de travail effectif ;

•    au rendement, c'est-à-dire en fonction de normes définies préalablement (travail aux pièces, prime, commissions ou guelte) ;

•    au forfait, c'est-à-dire selon une convention entre le salarié (souvent un cadre) et l’employeur.


COUT SALARIAL

Selon l'INSEE, le coût salarial est constitué par "l'ensemble des dépenses qui incombent à l'entreprise pour l'emploi d'un salarié."


Le coût salarial comprend deux grands éléments :

•    un coût direct, composé des salaires bruts et des avantages salariaux (avantages en nature, intéressement et participation) ;

•    un coût indirect, formé des cotisations patronales légales et conventionnelles et de diverses charges (formation professionnelle, frais de transport, œuvres sociales de l'entreprise).


CHÔMAGE

Le Bureau international du Travail définit une personne au chômage à partir de trois conditions :

•    elle est sans travail ;
•    elle est disponible pour travailler ;
•    et elle recherche effectivement du travail (BIT, 1982).


Le concept de chômage vise à rendre compte de l'existence de personnes de 15 ans et plus, privées d'emploi et qui en recherchent un.

    Remarque

Cette définition du BIT est acceptée dans la plupart des pays. Cependant, elle peut être interprétée différemment selon les pays. Que veut dire être "sans travail" ? Qu'est-ce qu'être disponible ? Quel doit être l’intervalle de temps pendant lequel ces conditions doivent être vérifiées ?

Les pays de l’Union européenne acceptent une interprétation commune de cette définition. Ainsi, pour Eurostat, un chômeur est ainsi une personne :

•    qui n’a pas travaillé, ne serait-ce qu’une heure, au cours d'une semaine de référence ;
•    qui était disponible pour travailler dans un délai de quinze jours ;
•    qui a effectué des démarches pour (re)trouver un emploi au cours des quatre semaines précédant la semaine de référence.

Il y a en France deux principales sources statistiques pour dénombrer le nombre de chômeurs :

•    les statistiques mensuelles du ministère du Travail, élaborées à partir des fichiers de demandeurs d'emploi enregistrés par Pôle Emploi ;
•    les statistiques de l'enquête Emploi de l'Insee, qui mesurent le chômage au sens du BIT.

La Dares produit des informations sur les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, l’Insee sur le chômage au sens du BIT et Pôle emploi sur le chômage indemnisé.

 

V. INDIVIDUS ET CULTURES

SOCIALISATION

Selon le Larousse, la socialisation est un "processus par lequel l'enfant intériorise les divers éléments de la culture environnante (valeurs, normes, codes symboliques et règles de conduite) et s'intègre dans la vie sociale."

Guy Rocher définit la socialisation comme "étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre".

Remarque

La socialisation est un processus d’inculcation, d’apprentissage, d’intériorisation. Elle est donc la manière dont la société forme et transforme les individus tout au long de leur vie. C'est un processus collectif et dynamique. On peut souligner la place de la contrainte dans les processus de socialisation ou, au contraire, les interactions volontaires des individus.

Certains sociologues insistent sur l'importance de la socialisation primaire, celle de l'enfance, d'autre sur la socialisation secondaire. Dans ce denier cas, on peut insister sur la socialisation professionnelle ou à l'inverse sur l'importance des interactions de la vie privée dans l'intériorisation des normes et des valeurs.

Bref, l'étude de la socialisation ne se résume pas à se demander "comment devenir grand" dans une société, elle conduit aussi à s'interroger sur "comment devenir soi ?".


NORMES

Selon le Larousse, une norme est une "règle, principe, critère auquel se réfère tout jugement". Les normes forment un "ensemble des règles de conduite qui s'imposent à un groupe social".

Remarque

Émile Durkheim soulignait que la norme intègre les individus à la société. Howard Becker rappelle que la définition des normes fait rarement consensus : elle est donc au cœur des phénomènes de déviance.


VALEURS

Selon le Larousse, une valeur est "ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d'un point de vue personnel ou selon les critères d'une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre".

Remarque

Les valeurs sont des idéaux, des préférences ayant des effets importants car elles guident l'action ; elles forment pour certains sociologues les "orientations profondes qui structurent les représentations et les actions d’un individu". Ainsi, les valeurs constitueraient les facteurs essentiels des transformations sociales.


CULTURE

L’UNESCO définit la culture comme "l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social et qui englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances (UNESCO, 2001)."

Remarques

Il est difficile de mesurer les croyances d'individus ou de groupes. Il est plus accessible pour les chercheurs d'appréhender les comportements et les pratiques. Ainsi, les sociologues privilégient les approches en termes de "pratiques culturelles" ou "d'activité culturelles" qui doivent résulter des croyances et des valeurs d’une société ou d’un groupe social donnés.

Depuis 2006, l’UNECO propose un classement des activités culturelles en trois catégories :

•    la culture d’appartement, soit le temps passé à regarder la télévision, à regarder des enregistrements audiovisuels, et à écouter la radio, à lire et à utiliser un ordinateur ;

•    la culture de sortie, soit les visites de lieux culturels comme les cinémas, les théâtres, les salles de concerts, les musées, les monuments historiques, etc.

•    la culture identitaire, soit les pratiques culturelles au sein d'association culturelles.


CULTURE DE MASSE

Le sociologue français Edgar Morin définit la culture de masse comme "une culture produite en fonction de sa diffusion massive et tendant à s'adresser à une masse humaine, c'est-à-dire à un agglomérat d'individus considérés en dehors de leur appartenance professionnelle ou sociale".

Ainsi, "la culture de masse est donc en premier lieu une culture de divertissement. Elle s'introduit dans le loisir et pour le loisir. Elle est consommée sur le mode esthétique".

Remarques

Edgar Morin rappelle que "c'est aux États-Unis qu'ont été créés les néologismes de mass media — terme qui englobe la grande presse, le cinéma, la radio, la télévision — et de mass culture — qui embrasse la culture produite par les mass media". Cependant, pour les historiens, la culture de masse apparaît en France dès la fin du XIXe siècle, notamment avec le succès d'une presse peu politisée, proposant une nouvelle forme de narration et de traitement de l’information et un faible prix (cf. le Petit Journal crée en 1863).

La culture de masse est donc souvent caractérisée par un mode de production adapté aux normes de la fabrication industrielle et de diffusion par le biais de technologies de diffusion massive. Cependant, il ne faut pas uniquement percevoir la culture de masse comme un mode de production industriel diffusant des objets standardisés à un public captif et passif. La culture de masse, comme toute culture, suppose d'interroger la réception et l'appropriation des objets culturels.
Toute d'abord, le seuil de "massification" est souvent impossible à définir ou à fixer. Ensuite, la culture de masse n'est pas uniquement la culture de la "masse" qui s'opposerait à celle de l'élite car la culture de masse peut plaire autant aux catégories populaires qu'aux classes moyennes ou à la bourgeoisie (même si la culture bourgeoise reste un moyen pour certains groupes sociaux de se "distinguer" des individus porteurs d'une culture populaire). Enfin, la culture de masse n'est pas homogène. En effet, elle doit à la fois répondre aux contraintes de la création artistique (originalité, unicité, renouvellement, etc.) et aux contraintes de la production industrielle (standardisation, grandes séries, économie d'échelle, etc.). Pour les uns, cette double exigence constitue une gageure intenable : la culture de masse se traduit par un appauvrissement de la création artistique, donc de la culture. Pour d'autres, cela conduit à une création originale. Pour Edgar Morin, "on ne peut seulement parler, à ce niveau, de production au sens industriel du terme, ni de création au sens artistique ou spirituel du terme".

La culture de masse est donc appréhendée de deux manières :

•    un mode particulier de production, de diffusion et de consommation de la culture ;

•    un sous-ensemble d'une culture globale, voire une  sous-culture.